Critique de film : Les Rascals
- Le Materiel
- 13 févr. 2023
- 2 min de lecture

Pour sa première critique de film, Le Matériel a la chance de pouvoir débuter par un film qui vaut réellement le coup, et qui en plus de ça est un film français (je sais c’est fou et ça continue).
« Les Rascals » pour en faire un rapide résumé, relate l’histoire d’un groupe d’amis habitant dans la banlieue parisienne dans les années 80 et se retrouvant confrontés à un groupe de Skinheads. Si le film part d’un postulat assez simple, c’est pour se laisser le plus de liberté possible pour traiter son sujet. Et c’est à ce niveau que le film se démarque. Commençons par la mise en scène : l’objectif affiché du film est de retracer non seulement le Paris des années 80 mais de lui rendre son ambiance, ses expressions, ses idoles et surtout ses paradoxes. La société que nous dépeint le film est à la fois coincée entre l’héritage violent de Mai 68, de plus en plus influencé par la montée du racisme, et l’obsession d’une culture américaine fantasmée, faisant office d’échappatoire.
Cette espèce de méli-mélo d’éléments complètement différents donne une personnalité unique au film avec une vision renouvelée des années 80. Pour reprendre l’expression d’un pote, « on dirait West Side Story sans les chansons ».
La réalisation est au même niveau, on sent que le réalisateur ne s’est pas contenté de filmer les acteurs réciter leurs textes dans de beaux décors. La caméra accompagne le récit, elle trouve des manières innovantes d’illustrer l’action, de faire monter les émotions voulues. Bref en termes de réalisation, c’est maîtrisé et c’est même inventif, ce qui permet de soutenir un casting de jeunes acteurs presque tous inconnus à l’écran mais qui arrivent à délivrer des performances très au-dessus de ce que l’on peut voir dans le cinéma français actuel.
Mais le film n’est pas seulement beau, bien joué et bien réalisé, c’est un film avec un vrai propos. Toute l’idée est d’ajouter à notre vision nostalgique des années 80 quelque chose de plus réaliste, de plus vivant. La plupart des critiques parlent d’un film « coup de poing », expression utilisée à tort et à travers mais qui trouve du sens dans ce cas précis : le film parle de jeunes en manque d’opportunités, ostracisés par leurs origines et victimes d’un racisme de plus en plus marqué dans une société française qui s’ouvre au discours d’extrême-droite et à la montée du FN. Les personnages sont constamment confrontés au cycle pervers d’une violence auto-entretenue et omniprésente.
Tout en marquant un clair contraste entre la banlieue marginalisée des personnages principaux et le Paris privilégié de leurs adversaires skinheads, le film dévoile des problématiques très actuelles (racisme, injustice, discours anti-immigration) en montrant les années 80 comme leurs véritable point de départ.
Pour conclure, c’est un film travaillé, intelligent et qui réussit à proposer quelque chose d’intéressant et d’engagé, très loin de ce que propose en général le cinéma français.
Par Beria
Publié dans le N°006 du 10 février 2023
Miam