Mobilisation au Lycée Joliot
- Le Materiel
- 13 févr. 2023
- 3 min de lecture

Depuis le 10 octobre dernier, de nombreux.ses élèves du lycée Joliot Curie de Nanterre ont été arrêtés et parfois placés en garde à vue lors d’un blocage du lycée. Si de nombreux témoignages tendent vers des violences et des bavures policières, ce n’est pas moins de 20 jeunes qui ont affaire à la justice du côté des accusés. Dans un climat d’agitation où des accusations de bavures et de violences fusent des côtés des manifestant.e.s et des policier.e.s depuis plusieurs années, cette affaire concernant des mineurs mérite qu’on s’y attarde. Alors faisons le point, que s'est-il passé au lycée Joliot Curie ? Les soucis ne datent pas d’hier, le lycée étant victime d’un manque de moyens et ce comme beaucoup d'établissements de France. Ainsi la suppression de l’aide aux devoirs, accompagnée de la mutation d’un professeur de mathématiques, Kai Terada, dites injustifiée – certaines personnes revendiquent que celle-ci serait causée par l’engagement syndicale du professeur – auraient causé un blocus pacifique le lundi 10 octobre. À noter que certaines revendications relèvent de demandes d’enlever le voile avant d’aller en cours, mais la revendication principale s’appuie sur la suppression de l’aide au devoirs. Mais dès le lundi, de nombreux policier.es étaient présent.es, ce qui a créé de nombreuses tensions. Le nombre de policier.es aurait significativement augmenté le mardi suivant. Bien qu’il s’agisse d’un blocus pacifique, des affrontements avec les forces de l’ordre ont eu lieu avec, notamment, arrestations violentes et gazage. Il semblerait qu’une violence inouïe ait eu lieu, certain.es personnes disent d’ailleurs avoir croisé « 5 ou 6 personnes en fauteuils » en direction de l’infirmerie. Et cela sans parler des arrestations brutales et des gardes à vue. Les tensions ont duré toute la semaine avec au total 20 jeunes, dont certains mineurs, arrêtés ; certaines gardes à vue auraient même duré plus de 36 heures. Ici, on parle bien de lycéens qui ont entre 15 et 18 ans, qui réclament la possibilité d’étudier convenablement, qui se font arrêter et violenter par la police. Rappelons qu’au moins une personne a déjà été jugé.e coupable de « XXX » – on connaît bien la lenteur de la justice. Nous ne trancherons pas ici de qui a commencé les affrontements, mais je vous invite à réfléchir à ces questions : on a déjà entendu des dizaines d’adultes se plaindre sur le fait que les jeunes d’aujourd’hui ne travaille pas assez, on as déjà entendu des arguments anti-manifestations en parlant de casseurs. Comment ces arguments et ces plaintes sont valables lorsqu’un blocus pacifique tourne à l'affrontement avec les forces de l’ordre pour une question d’aide aux devoirs ? Cela ressemblerait presque à une mauvaise blague : « J’ai voulu travailler et je me suis fait taper ». Certes, le rectorat a accepté de remettre l’aide au devoir, mais à quel prix ? Il s’agit de jeunes personnes qui risquent d’être traumatisées par ce qu’il s’est passé, et de leurs parents qui supportent à peine le coup financier des démarches judiciaires. Imaginons que ce qu’il se soit passé soit à 100 % de la faute de ces jeunes – et j’ai bien dit imaginons –, rien ne justifie les violences policier.es subies, ou même une garde à vue de plusieurs jours. De ce que nous savons aujourd’hui aucun policier.es n’a été gravement blessé.e, alors pourquoi poursuivre ces lycéen.nes en justice ? Et si ce n’est pas le cas, comment sommes nous en arrivé à un état où c'est possible, justifiable et récupéré par l’extrême droite ? Comment une justice si lente peut-elle juger si rapidement quand cela l’arrange ?
Je terminerais par vous dire que, comme toute affaire comprenant en partie des violences policier.es, celle-ci est mal documentée et mal représentée dans les médias. Ainsi, je vous annonce que le lycée est à Nanterre même alors n’hésitez pas à passer voir les etudiant.es pour leur apporter votre soutien !
Par Samael
Publié dans le N°005 du 21 novembre 2022
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